Oubliez les NFT, la véritable révolution du Web3 pourraient être les SBT

Oubliez les NFT, la véritable révolution du Web3 pourraient être les SBT
Photo by Shubham Dhage on Unsplash

Oui, relisez une seconde fois ce titre bien obscur… et laissez-moi vous expliquer. Vous connaissez les « NFT », ces jetons non fongibles et donc transférables, qui ont entrainé spéculation et mauvaise image du Web3, laissant penser qu’il serait peuplé de rappeurs, de footballeurs et de marques de luxe plus ou moins discrètes, achetant des terrains virtuels sans savoir pourquoi.

En réalité, un Web3 sérieux, solide, et surtout complément utile de la vie réelle n’a pas besoin de beaucoup de NFT, mais plutôt d’une manière sécuritaire et définitive d’inscrire des droits imprescriptibles et intransférables. Eh oui, notre vie tourne autour de droits tels que l’identité, la paternité, le droit de vote, ou un diplôme, ils nous sont concédés à titre personnel, et ne peuvent justement faire l’objet d’aucune transaction. Inscrire ces droits personnels dans un registre décentralisé, nous permettrait de les invoquer, de les vérifier, et d’en garder la totale maitrise.

Dans un article de recherche publié le 10 mai 2022, Vitalik Buterin, co-fondateur de Ethereum, et deux autres co-signataires, expliquent leur vision de ces « jetons non transférables », les SBT (Soul Based Tokens), les jetons liés à l’âme. : « Le Web3 est aujourd'hui centré sur l'expression d'actifs transférables et financiarisés, plutôt que sur l'encodage de relations sociales de confiance. Pourtant, de nombreuses activités économiques essentielles, comme les prêts non garantis et la création de marques personnelles, reposent sur des relations persistantes et non transférables. Dans cet article, nous illustrons comment des jetons non transférables "liés à l'âme" (SBT) représentant les engagements, les références et les affiliations des "âmes" peuvent encoder les réseaux de confiance de l'économie réelle pour établir la provenance et la réputation ».

Ainsi, à l’opposé des NFTs, les SBTs n’ont pas vocation à passer de main en main. Ils ne représentent donc pas un actif financier, mais un actif intuitu personae. Ils permettent de prouver l’existence de ce droit ou de cet actif, par exemple au travers d’applications. Un État pourrait émettre des SBTs pour chacun de ses citoyens, représentant un certificat de nationalité, ou un droit de vote. Mais cela remettrait en question une des fonctions régaliennes, l’État Civil. Il y a peu de chance que cela arrive, ou peut-être dans un Etat déjà fortement numérisé comme l’Estonie. En revanche, prouver son identité sur le Web3 permettrait des débloquer certaines fonctions interdites aux anonymes.

Vitalik Buterin et ses co-signataires imaginent également d’autres usages, encore plus complexes : « Plus important encore, les SBTs permettent d'autres applications de plus en plus ambitieuses, comme la récupération de portefeuilles communautaires, une gouvernance résistante aux attaques de type « sybil », des mécanismes de décentralisation et de nouveaux marchés avec des droits décomposables et partagés. Nous appelons cet écosystème pluraliste plus riche "Société décentralisée" (DeSoc) - une socialité co-déterminée, où les Âmes et les communautés se rassemblent de bas en haut, comme des propriétés émergentes les unes des autres pour co-créer des biens et des intelligences de réseau pluriels, à une gamme d'échelles. La clé de cette socialité réside dans des droits de propriété décomposables et des mécanismes de gouvernance améliorés - tels que le financement quadratique actualisé par les scores de corrélation - qui récompensent la confiance et la coopération tout en protégeant les réseaux contre la capture, l'extraction et la domination. Avec une telle socialité augmentée, le web3 peut éviter l'hyper-financiarisation d'aujourd'hui en faveur d'un avenir plus transformateur et pluraliste de rendements croissants à travers la distance sociale. »

Les SBTs pourraient faire partie de ces briques technologiques indispensables à la construction d’un véritable Web3, loin des bruits parasites actuels.

Alors, en conclusion, oubliez les NFTs et leur monnaie de singes, mais regardez en détail du côté de Ethereum et des SBT.